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Au lendemain des récentes manifestations de Sidi Bouzid, le public tunisien découvre une nouvelle source d'information, qui lui permet de connaître les derniers développements dès qu'ils se produisent. Des sites de médias sociaux comme Facebook font désormais concurrence aux organismes d'information professionnels, que certains observateurs ont critiqués pour ne pas avoir assuré la couverture de ces évènements.

"Alors que les médias officiels étaient absents, Facebook, YouTube, Twitter et les blogs étaient remplis de vidéos, d'images et assuraient la couverture des évènements. Les agences de presse mondiales et les chaînes de télévision par satellite utilisaient également les contenus publiés par ces médias et s'appuyaient sur eux pour préparer leurs articles et leur informations", a expliqué l'éditorialiste de l'hebdomadaire al-Watan, Noureddine Mbarki.

"Nous n'exagérons peut-être pas lorsque nous confirmons que ces évènements ont été l'application sur le terrain de ce que nous appelons depuis des années les "nouveaux médias", qui utilisent les moyens de communication modernes. Ils sont également l'application de ce que certaines personnes appellent les "médias citoyens", ce qui signifie que chaque citoyen peut être un reporter d'informations et d'évènements", a-t-il ajouté.

Et de poursuivre en affirmant que "cela a donné l'image suivante : des médias officiels absents des évènements, comme si ces derniers n'existaient pas, et des médias étrangers (chaînes satellitaires, agences de presse, sites web, magazines et journaux) qui rapportent les évènements sur la base de leurs origines et de leurs agendas ; cela a créé une très forte sympathie à leur égard, parce qu'ils "ont assumé la charge de faire entendre la voix et les revendications des protestataires" dans le monde entier."

Selon Mbarki, "les évènements de Sidi Bouzid ont montré clairement que le dossier des médias en Tunisie a besoin d'une sérieuse refonte au vu du net recul de leurs performances et de leur rôle, notamment à la lumière des évolutions qui se produisent dans les moyens de communication et au vu de l'influence des médias en général sur les évènements et leur cours."

Pour sa part, le journaliste Nasredine Ben Hadid se refuse à considérer les sites de réseaux sociaux comme une forme de journalisme.

"Je les considère plutôt comme une sorte de participation, parce qu'ils ne sont pas soumis aux exigences minimales qui caractérisent les médias. Pour ce qui est de leur contenu, si nous mettons de côté les mauvaises intentions et les tentatives de partialité intentionnelle de la part de certaines personnes, le citoyen moyen n'est pas en mesure de noter, de décrire et donc, de rapporter", a-t-il affirmé.

Durant cette crise, de nombreuses chaînes de télévision satelllitaire, comme Al Jazeera, ont dépendu de ce que les citoyens tunisiens publiaient sur l'internet, malgré la faible qualité des images.

La Tunisie compte plus d'un million d'abonnés à Facebook, soit près de 11 pour cent de la population du pays, contre plus de 10 millions de téléphones mobiles, soit près de l'ensemble de la population.

"Aujourd'hui, nous comptons 1,5 million de journalistes via Facebook. Cela signifie que toutes les barrières ont été abolies par ce média numérique, qui est en réalité un média populaire qui a su s'implanter auprès du plus grand nombre possible de personnes", a expliqué Ghassan al-Kosaibi, journaliste à al-Shaab et membre de l'Union générale du travail.

"Le blackout est définitivement révolu. Ce que nous voulons des médias traditionnels, c'est qu'ils restent dans la course", a-t-il ajouté. "Je dis simplement au-revoir au blackout, et oui à l'information, oui à l'objectivité, et non au blackout, non à l'exagération."

Pour sa part, Mahmoud al-Jadidi, responsable de l'éducation, estime que les médias ne sont plus du domaine des seuls professionnels.

"Chaque propriétaire d'un ordinateur est devenu une personne des médias, un reporter d'informations et de rumeurs. Nous vivons une époque où une rumeur peut devenir un fait par suite de sa fréquente diffusion, de la vitesse de sa communication et de sa transmission, et de la difficulté d'en connaître la source", a-t-il conclu.

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